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Projet de loi sur la fin de vie : le CDES démasque une dérive létale

  • Photo du rédacteur: Gérard PIARD
    Gérard PIARD
  • 7 avr.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 8 avr.

Alors que le projet de loi n°1100 sur la fin de vie s’apprête à transformer radicalement notre rapport au soin, à la vulnérabilité et à la mort, le Collectif Démocratie, Éthique et Solidarité (CDES) vient de publier un avis éclairant, qui mérite toute notre attention.


Ce collectif, formé de professionnels et citoyens de divers horizons, engagés sur les questions de solidarité et de fin de vie, offre une lecture éthique, rigoureuse et profondément humaine du texte proposé.


Leur analyse rejoint et renforce ma conviction profonde : ce projet ne répond ni à une urgence médicale ni à un besoin démocratique, mais amorce une dangereuse dérive idéologique.


1. Une loi fondée sur un mensonge : l’insuffisance des soins actuels


Le CDES le rappelle avec clarté : le droit français actuel offre déjà un cadre complet et éthique pour accompagner la fin de vie. La sédation profonde et continue, les directives anticipées, le refus de l’obstination déraisonnable, tout cela existe. Ce n’est pas la loi qui manque, mais les moyens humains et financiers pour la faire appliquer.

Instrumentaliser le manque criant de soins palliatifs pour justifier l’introduction d’une « aide à mourir » est non seulement hypocrite, mais cynique. C’est avouer notre renoncement collectif à soigner les plus fragiles pour leur offrir à la place… une issue létale.


2. L’autodétermination : un leurre dangereux


Le discours de la loi repose sur un dogme moderne : la maîtrise individuelle de sa mort. Derrière cette apparente liberté, le CDES dévoile un piège redoutable : celui d’un environnement social où les plus fragiles (malades chroniques, personnes âgées, isolées ou dépressives) se sentiront subtilement poussés à « ne pas peser ».

Et surtout, qui portera l’acte ? Des soignants, des médecins, des infirmiers. Ceux-là mêmes qui ont choisi de soulager, d’accompagner, de soigner… non de provoquer la mort. En introduisant cette rupture radicale dans la mission de soin, la loi détricote la confiance fondamentale entre soignant et soigné.


3. Une mécanique expéditive, sans garde-fous réels

Le CDES dénonce des délais de réflexion scandaleusement courts, une absence de recours effectif pour les proches, et une procédure qui enferme le patient dans sa demande, jusqu’à la transformer en injonction sociale.

À cela s’ajoute une terminologie volontairement floue, refusant de nommer l’euthanasie ou le suicide assisté. On parle d’« accompagnement », "d’ aide à mourir », mais il s’agit bien de provoquer délibérément la mort d’un être humain, souvent fragile, parfois influençable, toujours digne d’être entouré.


4. Le précédent des dérives étrangères

Le CDES, s’appuyant sur l’exemple du Canada, de la Belgique ou des Pays-Bas, rappelle une vérité que les promoteurs de la loi cherchent à taire : la pente glissante est réelle. L’élargissement des critères est inévitable, comme le montre l’ouverture aux troubles psychiatriques, aux mineurs, aux cas non terminaux.

Ce qui est présenté aujourd’hui comme une « exception encadrée » deviendra demain une norme banalisée. La loi française n’échappera pas à ce glissement, si elle entre dans cette logique.


 

Refuser une société de la mise à mort assistée

En tant qu’acteur de terrain, en tant qu’ancien accompagnant en soins palliatifs, et surtout en tant qu’homme croyant en la valeur inaltérable de toute vie humaine, je salue le courage et la clarté du Collectif DES.


Face à une société tentée par la solution létale, il est urgent de réaffirmer une éthique du soin, du lien, et du respect de la vie jusqu’au bout. Ce n’est pas en supprimant les souffrants que nous supprimerons la souffrance.






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