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Covid 19 : un hommage national s'impose !

  • Photo du rédacteur: Gérard PIARD
    Gérard PIARD
  • 15 mars
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 2 jours

Quand l’absence d’au revoir empêche le deuil



La mort est une épreuve inéluctable, mais ce qui l’adoucit parfois, c’est la possibilité de dire adieu. Pouvoir accompagner un proche dans ses derniers instants, lui tenir la main, lui adresser une dernière parole est une étape essentielle dans le processus du deuil. Pourtant, durant la pandémie de Covid-19, on estime que 2 millions de français ont été privées de ce droit fondamental.


Dans les hôpitaux et EHPAD, les patients en fin de vie sont partis dans une solitude glaçante, leurs proches empêchés de les voir, même quelques minutes. L’urgence sanitaire a imposé des règles strictes : interdiction des visites, interdiction des rites funéraires, crémations rapides et anonymes.


La douleur de ces départs silencieux résonne encore aujourd’hui chez les familles endeuillées qui n’ont pu accompagner leurs proches ni leur offrir un dernier hommage digne.


Un deuil entravé, une souffrance qui perdure


Le deuil est un processus fragile. Il repose sur des étapes essentielles : l’adieu, la cérémonie et le partage du chagrin avec la communauté. En supprimant ces moments, l’État a, sans le vouloir, brisé un équilibre psychologique fondamental.


Certains ont découvert le décès d’un proche par un simple appel téléphonique, sans jamais avoir revu le visage du défunt. D’autres ont récupéré des cendres sans explication ni possibilité de se recueillir. Beaucoup n’ont même pas pu assister à l’enterrement, les restrictions ayant limité les cérémonies à un strict minimum.


Ce choc a engendré une souffrance silencieuse mais persistante. Nombre de familles témoignent d’un sentiment d’abandon et d’une culpabilité lancinante. « Je n’ai pas pu lui dire au revoir, je n’ai pas pu l’accompagner dans la mort », répètent-elles, comme si elles avaient failli à leur rôle d’aimant et de soutien.


Écrire aux défunts : une voie vers la réparation


Face à ces deuils inachevés, la psychologue et spécialiste de la fin de vie Marie de Hennezel propose aux endeuillés une approche symbolique mais puissante : écrire une lettre à leurs défunts.


L’objectif de cette démarche est de recréer, même après la mort, cet échange qui a été empêché par les restrictions sanitaires. Mettre des mots sur l’absence, exprimer l’amour, le regret, la douleur ou même la colère, permet de donner une forme à ce qui n’a pas pu être dit.


Cette pratique, déjà utilisée en soins palliatifs ou en psychothérapie du deuil, offre un espace d’expression qui aide à apaiser la souffrance. Écrire une lettre permet :


  • De dire adieu à travers les mots, en s’adressant directement au défunt.

  • De retrouver du sens malgré l’absurdité de la séparation brutale.

  • De déposer sa douleur au lieu de la garder enfermée.


Certaines familles choisissent de lire ces lettres à voix haute, de les garder dans un carnet intime, ou encore de les brûler symboliquement pour les laisser « rejoindre » leur destinataire. Un rituel simple, mais réparateur.


Un hommage national toujours absent


Cinq ans après, la colère gronde toujours chez ces familles endeuillées. Beaucoup réclament à juste titre une reconnaissance officielle de cette tragédie : un hommage national, une prise de parole du gouvernement, un geste symbolique qui pourrait panser – au moins en partie – la plaie de ces adieux interdits.


Malgré cette demande portée par des collectifs de familles et des personnalités comme Marie de Hennezel, aucune initiative officielle n’a vu le jour. Pourtant, reconnaître la douleur des endeuillés est une étape essentielle pour tourner la page de cette crise et éviter qu’une telle injustice ne se reproduise.


Si la crise sanitaire a justifié des mesures exceptionnelles, elle a aussi révélé l’importance vitale des rituels de fin de vie.


Priver quelqu’un de dire adieu, c’est lui imposer un deuil inachevé, une souffrance qui s’étire sans fin.


Apprendre des erreurs pour ne plus revivre cette douleur


Ce drame pose une question essentielle : quelle place donnons-nous à la mort dans notre société ? 

Si une nouvelle crise venait à surgir, saurions-nous faire autrement ? Trouverions-nous des solutions pour que l’humain ne soit plus sacrifié au nom de la gestion sanitaire ?

Il est temps de tirer les leçons de cette période sombre. La mort ne peut pas être réduite à une procédure administrative, et le deuil ne peut pas être un poids porté dans l’isolement.


Dire adieu, c’est honorer les vivants autant que les morts.


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